La colère gronde dans nos campagnes. De l'Allemagne aux Pays-Bas, en passant par la Pologne et l'Espagne, l'onde se propage. Et la voici maintenant en France... au point de menacer de bloquer tout le pays et de faire la Une des grands médias nationaux. Habituellement, je n'écris jamais d'éditos à chaud. Toutefois, cette crise était prévisible et nous avons presque déjà tous les éléments d’analyse à froid tant les raisons de cette fronde étaient déjà bien connues de l'ensemble des parties prenantes, et ce depuis plusieurs années maintenant.
Pendant tout ce temps, nos décideurs ont bien tenté de mettre des pansements à droite et à gauche pour colmater les brèches mais sans jamais vraiment s'atteler à résoudre les problèmes de fond. Et ce qui devait arriver arriva : les voilà maintenant devant le fait accompli à devoir trouver des solutions d'urgence pour apaiser la colère de nos paysans avec tout un modèle agricole à revoir. Oui, rien que ça ! Tentative de décryptage...
Une colère aux raisons multiples
Routes bloquées, préfectures visitées... Les tracteurs ont quitté la campagne française pour faire entendre la colère de nos agriculteurs. Les panneaux des villes mis à l’envers il y a quelques semaines pour signifier “on marche sur la tête” étaient les premiers prémices du mouvement. On ne veut pas les écouter depuis leur exploitation ? Et bien, il n'y en a que faire, ils viendront en ville pour faire connaître leur mécontentement et leur détresse à la société toute entière.
Mais pourquoi ce soulèvement si soudain ? Pourquoi maintenant ? La réalité c'est qu'il couvait depuis plusieurs années voire plusieurs décennies. Les raisons sont multiples, exprimant un ras-le-bol général.
Les agriculteurs se sentent acculés entre absence de revenus stables (et pour beaucoup de revenus décents), normes environnementales rendant leur métier toujours plus complexe, tâches administratives ”prises de têtes” qui les détournent de leur coeur de métier, mépris et agribashing constant d'une société de plus en plus urbanisée et concurrence déloyale des pays étrangers. Bref, rien ne va plus mon capitaine, les matelots du paquebot de l'agriculture française sont en train de sombrer !
Le nerf de la guerre : le revenu
Spoiler, les agriculteurs ne demandent en priorité qu'une chose : gagner leur vie grâce à leur production. Être payés dignement pour travailler. Arrêter de compter à la fin du mois et de subir l'angoisse qu'un énième aléas climatique vienne les prendre économiquement à la gorge.
Ce midi, j'ai déjeuné au restaurant seule entre deux rendez-vous. Et je n'ai pas pu m'empêcher d'écouter la conversation de la table d'à côté. Il s'agissait de deux artisans du BTP qui commentaient l'agriculture. L'un s'exclamait :
"Nous on travaille beaucoup, c'est dur, mais on gagne notre vie à la fin du mois. Les agriculteurs triment, ils triment, sans jamais gagner un sou. C'est bien pire que nous je te le dis !".
Et il s'agit bien de ça, tout était résumé en une phrase. Qui en France, accepterait d'exercer une fonction si noble (on parle quand même de nourrir la population), de travailler autant, avec des investissements souvent très importants pour un salaire de misère ? Qui accepterait, après une vie de labeur, de toucher une retraite à peine plus élevée que le RSA ? Alors pourquoi dans l'inconscient collectif, il est normal qu'un agriculteur ne gagne pas sa vie ? Pourquoi, lorsqu'il y a des négociations entre deux acteurs, on rogne toujours sur la part de l'agriculteur ?
La loi Egalim, établie pour rééquilibrer le rapport de force entre distributeurs, industriels et agriculteurs, a bien tenté de renverser la vapeur mais force est de constater que ce n'est pas suffisant.
Et pourtant, il s'agit bien là, selon moi, de la clé pour retrouver une situation plus sereine et surtout, surtout, pour permettre aux agriculteurs de répondre à nos attentes sociétales. Un agriculteur serein financièrement peut se permettre d'investir sur son exploitation pour améliorer son impact environnemental ou ses pratiques en termes de bien-être animal. Un agriculteur avec un modèle économique validé peut s'atteler à mener des expérimentations pour trouver les meilleures pratiques face au changement climatique pour maîtriser sa consommation en eau. Aujourd'hui, on impose à des exploitations aux résultats financiers fragiles des législations complexifiant leur métier à outrance. Réglons la problématique des revenus et on pourra ensuite envisager le reste.
Les aides de la PAC ont bien tenté de pallier la situation, de finalement subventionner notre alimentation, puisque, nous en reparlerons, le consommateur n'est pas prêt de payer le vrai prix pour se nourrir. Mais ces aides ont leurs travers. Les agriculteurs se retrouvent aliénés aux pouvoirs publics, à devoir obéir aux nouvelles orientations pour pouvoir toucher leur dû. Ils en sont devenus dépendants, sans ne plus être complètement libres dans leur choix pour leur exploitation. Une situation bien inconfortable qui les amène à réaffirmer qu'ils ne souhaitent pas vivre d'aides mais de revenus pour leur travail ! Et on les comprend.
Hier soir, un ami me demandait si la colère des agriculteurs était légitime et leurs revendications raisonnables ? Et bien je crois que oui. Trop d’injonctions contradictoires pèsent sur les agriculteurs, trop d’attentes reposent sur eux sans qu’on leur en donne vraiment les moyens. Je crois même que cette révolte aurait dû éclater depuis bien longtemps. Les agriculteurs sont des gens patients visiblement !
Mais alors, à qui la faute ?
Maintenant qu'on a identifié les raisons de la colère, nous voilà bien avancés…Comment résoudre cette situation ? Le plan d'action reste bien flou tant la situation est complexe. C'est finalement tout un modèle qui est à revoir et chacun va devoir prendre ses responsabilités si on veut réussir à sauver le navire.
Une responsabilité politique française et européenne
Il semble évident que le monde agricole paie aujourd'hui un manque de vision politique qui date de bien des années. On a voulu ménager la chèvre et le choux pendant des décennies et le résultat est sans appel : notre souveraineté alimentaire se délite, les objectifs en matière de politique environnementale sont loin d'être atteints, les agriculteurs ne gagnent pas leur vie et certains consommateurs ne peuvent plus absorber la hausse inflationniste de notre alimentation. Bref, les comptes n’y sont pas.
Face à cette situation, il est impératif que le gouvernement propose un projet politique clair, courageux et long-termiste. Avec à sa décharge une difficulté majeure : les décideurs nationaux n’ont pas toutes les cartes en main, une partie de la solution se trouvant à Bruxelles.
Quoiqu'il en soit, il ne s'agit pas de remettre un énième pansement pour calmer nos agriculteurs et se dire que tout ça passera bien comme ça.
Non, l'heure est trop grave et la question complexe : comment nourrir une population croissante en limitant notre impact sur l'environnement tout en assurant un revenu juste aux agriculteurs et un prix accessible au consommateurs ? Pas de doute, trouver le compromis idéal (car oui, il s'agira bien d'un compromis à trouver entre tous ces enjeux) ne se fera pas en un claquement de doigt. Il va falloir affirmer et surtout assumer des priorités et proposer une vision étape par étape. Bref, il y a du pain sur la planche !
Une responsabilité de tous les maillons de la chaîne économique
Ici on pense en premier lieu aux acteurs de l'agroalimentaire, distributeurs comme industriels, qui se sont pris en otage tous seuls. À se faire une guerre de prix effrénée, ils ont accoutumé les consommateurs à payer un prix de l'alimentation qui ne reflète pas les coûts réels de production. La part du gâteau à se partager est alors plus faible. Les agriculteurs étant absents des négociations entre distributeurs et industriels, il est facile de rogner sur la part des agriculteurs qui ont, nous en reparlerons, trop longtemps accepté de prendre ce qu'il reste.
Et là où ça devient cocasse, c'est qu'avec les nouvelles attentes sociétales, les grands acteurs de l'agroalimentaire ont dû revoir leur communication pour se montrer plus proches des agriculteurs. Ils se retrouvent alors dans des imbroglios schizophréniques où, dans une même publicité, ils se vantent d'avoir le prix le plus bas mais d'être ceux qui rémunèrent le mieux les agriculteurs. Cherchez l'erreur !
Ces grands acteurs de l'agroalimentaire ont un rôle majeur à jouer. Ils ont habitué le consommateur à payer le prix le plus bas ? Et bien il va falloir changer le paradigme et l'éduquer à payer le prix juste, celui qui intègre la part de l’agriculteur. Et si augmenter les prix dans les rayons leur semble trop risqué, il va falloir sérieusement envisager l’option 2 : revoir la copie des marges pour mieux les partager avec ceux qui sont en amont de la production.
Les résultats financiers de ces grands acteurs sont sans appel : ils ont largement la marge de manœuvre de mieux rémunérer les agriculteurs et d’arrêter d’exercer sur la profession une pression constante lors des négociations.
Les performances annuelles qu’ils affichent deviennent indécentes au regard des réalités économiques de nombreuses exploitations agricoles de notre pays.
Quoiqu’il en soit, rester dans la situation actuelle ne semble tenable pour aucun des acteurs. Notre souveraineté alimentaire se délite, avec une hausse constante des importations (plus d’un légume sur deux que nous consommons est importé par exemple !!). Penser qu'au pire, s'il n'y a plus d'agriculture française, on pourra se fournir dans les pays étrangers, est selon moi un manque de vision dramatique et un risque majeur à courir qui pourrait nous coûter cher à l'heure où le contexte politique et sanitaire mondial est plus qu’instable. Et les acteurs de l’agroalimentaire pourraient bien en être les premiers punis.
Une responsabilité du reste de la société : citoyens, consommateurs et journalistes
Ce ne sont pas seulement les acteurs économiques et politiques qui doivent balayer devant leur porte. C'est la société toute entière.
D'abord nous, les consommateurs. Pour ceux qui en ont les moyens, il faut absolument que nous ré-alignons nos idées citoyennes avec nos actes d'achat. On réclame une agriculture plus verte et plus durable ? On veut que nos agriculteurs produisent de manière plus raisonnée ? Très bien ! Mais une fois qu'ils s'exécutent, soyons cohérents et mettons le prix pour acheter leurs produits ! La part de l’alimentaire doit reprendre une place correcte dans notre budget. Nous avons un véritable impact sur les agriculteurs grâce à notre carte bleue.
Le bio en est un très bon exemple. Suite à la période covid nous avons tous plébiscité le bio. De nombreux producteurs se sont convertis. Pendant trois ans, ils ont appliqué les règles du bio sans pouvoir vendre sous certification et avec le prix correspondant. Maintenant qu'ils peuvent commercialiser leurs produits officiellement en bio, il n'y a plus de demande, le consommateur s'en est allé suite au contexte inflationniste. De nombreux agriculteurs se sont alors retrouvés à vendre leurs produits bio au prix du conventionnel et n’ont eu d’autres choix que de faire marche arrière en abandonnant la certification bio et ses pratiques.
Reste la question des consommateurs qui rencontrent des difficultés à boucler les fins de mois, et ils sont de plus en plus nombreux. Il est impératif, dans le projet politique, de ne pas les oublier et de prévoir une agriculture française qui soit capable de leur fournir des denrées alimentaires à bas prix.
Ensuite les journalistes, eux aussi, gagneraient certainement à revoir leur copie. Les sujets agricoles sont complexes et demandent du temps pour être compris sans jugement et parti pris. L'impact des médias sur l'opinion publique est tel que le monde agricole a besoin d'eux pour faire de la pédagogie auprès du grand public et expliquer la complexité de travailler avec le vivant. Les journalistes doivent sortir de ces clivages simplistes qu'on voit trop souvent dans des reportages traités en 1mn pour présenter la gentille agriculture biologique ou la méchante agriculture industrielle. Les médias seront un maillon indispensable pour réconcilier la société avec le monde agricole.
Enfin, le citoyen doit faire l'effort de comprendre et de se rapprocher des réalités du métier d'agriculteur. Les agriculteurs sont usés d'être méprisés par une société de plus en plus urbanisée qui juge sans vraiment bien comprendre de quoi elle parle. Qu'on s'entende, il est légitime d'interroger les agriculteurs et d'attendre des réponses de leur part. Ils ont un impact considérable sur nos vies en produisant notre alimentation et en travaillant avec notre environnement. Mais il faut collectivement améliorer notre culture agricole pour que les débats soient plus constructifs et que l'ensemble des parties prenantes arrivent à se comprendre pour construire un modèle agricole viable. Aujourd'hui, on assiste malheureusement bien trop souvent à une discussion de sourds, car les réalités des uns et des autres sont bien trop éloignées pour réussir à se comprendre.
Mais aussi une responsabilité du monde agricole
Alors finalement, le monde agricole ne serait que victime d'un système ? Tout est de la faute des autres ? Et bien je ne le crois pas. Comme souvent lorsqu'il y a conflit, les responsabilités sont partagées et le monde agricole doit certainement lui aussi assumer les siennes.
Les acteurs clés du secteur doivent, il me semble, profiter de cette situation de crise pour eux aussi se poser les bonnes questions. Les crises sont souvent une occasion en or pour se réinventer ! Une des failles majeures du monde agricole durant toutes ces années me semble être son incapacité à parler d'une seule et même voix. Il existe une multitude d’organisations qui gravitent autour des agriculteurs.
Dans l’après-guerre, cette organisation collective a été une force pour re-construire notre agriculture. Mais aujourd’hui, il semble que ce soit devenu une faiblesse. Chaque organisation a ses objectifs propres, sa vision et ses intérêts. Parfois, le champ d’actions des unes se superpose à celui des autres. Elles n’arrivent pas à se coordonner et à s’entendre suffisamment pour parler d’une seule et même voix. Pourtant, il ne reste plus que 400 000 agriculteurs dans notre pays. Plus ce nombre diminue, plus leur poids dans les négociations devrait être élevé. Mais force est de constater que ce n’est pas le cas. À trop être organisé, le monde agricole en est devenu désorganisé. Les agriculteurs eux-mêmes ont parfois du mal à se reconnaître dans leurs représentants.
Mais s’il y a bien une bonne nouvelle dans l’histoire, c’est celle-ci : les manifestations des derniers jours montrent que le monde agricole est capable de faire front ensemble et que, lorsqu’il y parvient, c’est l’ensemble du pays qui tremble. Je lisais dans le journal la déclaration d’un agriculteur toulousain qui affirmait :
“ce n’est plus une affaire de politique, c’est une affaire d’Homme”.
Ces mots sont justes et on ne devrait pas attendre de toucher le fond à ce point pour que ce soit le cas. Pour la survie des agriculteurs et des nombreux emplois qui gravitent autour d’eux (1,3 millions tout de même !!), il est impératif que les organisations agricoles restent sur cette dynamique et revoient leur manière de travailler ensemble pour plus d’efficacité dans les actions mises en place.
Enfin, les agriculteurs n’échapperont pas à cet édito (😂)! Ils ont trop longtemps laissé les autres s’exprimer à leur place. Ils ont loupé le coche de la communication en pensant que “pour vivre heureux vivons cachés”. Les entreprises l’ont fait à leur place, véhiculant une image faussée d’un métier qui était en train de se moderniser, laissant un trou béant entre l’image que le grand public a de la profession et la réalité. À leur décharge, au vu de tout ce qu’on leur demande, ajouter des compétentes de communicants à leur métier parce que la société s’est urbanisée semble un peu exagéré. Mais ce sera malheureusement indispensable et les jeunes agriculteurs l’ont bien compris en reprenant la main sur leur communication pour montrer les réalités quotidiennes de leur métier.
Je crois aussi qu’un des torts des agriculteurs est de ne pas être assez coutumier de l’expression “tout travail mérite salaire” et qu’ils gagneraient à progresser là-dessus. Ils ont eux-mêmes intégré qu’il était normal qu’ils se rémunèrent peu et qu’ils travaillent beaucoup. Et ils ne sont pas toujours à l’aise lorsqu’on parle d’argent.
Je parle ici de mon expérience personnelle : avec La Clé des Champs, à chaque fois que je mène un projet pour une marque qui me rémunère (la création d’un podcast sur-mesure par exemple) et que cela implique un agriculteur, je l’indemnise pour le temps passé sur le projet. Je ne les préviens qu’une fois l’interview terminée pour ne pas biaiser notre relation et le contenu que l’on va produire ensemble. Et il faut voir leur tête quand je leur explique qu’il va falloir qu’ils me fassent une facture pour les deux heures passées ensemble. Ça vaut son pesant d’or ! Ils sont presque systématiquement gênés et me regardent avec incompréhension.
Pourquoi voudrais-je les payer juste parce qu’ils ont parlé de leur métier ? Pourtant, quoi de plus normal ? Je gagne ma vie grâce à eux, la marque utilise leur image, ils donnent de leur temps durant lequel ils ne sont pas en train de travailler sur leur exploitation, pourquoi ne serait-il pas indemnisé pour le faire ?
Bref, je crois que les agriculteurs devraient davantage s’affirmer et ne pas culpabiliser de gagner leur vie lorsqu’ils travaillent et qu’ils donnent de leur temps.
Conclusion
Je me demande parfois si l’histoire n’est pas vouée à un éternel recommencement. Les paysans ont été de tous temps méprisés par la société. J’en veux pour preuve les révoltes paysannes de 1907 : la dureté du quotidien et le manque de reconnaissance avaient poussé les agriculteurs de l’époque à faire éclater leur colère. Ils étaient plus de 800 000 à manifester dans le sud de la France. Alors plus d’un siècle plus tard, nous revoilà au même point. Difficile constat…
Mais, il y a une différence majeure entre le début du 20ième siècle et aujourd’hui : nos agriculteurs ne sont plus qu’une minorité de notre société. Ils ne représentent plus que 1,5% de la population active (oui, ça ne fait pas beaucoup pour nourrir toute la tribu !).
Rendez-vous compte ! En 1907, il y avait deux fois plus d’agriculteurs dans les rues qu’on en compte au total aujourd’hui. Tout porte à croire que les derniers des mohicans devraient être soignés comme les joyaux de notre société.
Alors aujourd’hui, se joue un dangereux quitte ou double : soit nous assistons à une prise de conscience forte et immédiate de l’ensemble des acteurs qui prennent chacun leur responsabilité pour partager la valeur avec les agriculteurs et les aider dans la transition écologique ; soit nous allons purement et simplement assister à la disparition de notre agriculture française avec une consommation basée sur l’import. La période politiquement trouble que nous traversons actuellement au niveau mondial devrait nous mettre la puce à l’oreille sur l’option à privilégier, au risque de se retrouver dans une situation bien délicate dans les années futures….
Alors à l’abordage nous tous ! C’est quand on est au pied du mur qu’on se trouve des ressources inespérées. Regardons chacun ce que nous pouvons faire de mieux et agissons. C’est maintenant !
Louise Lesparre
Fondatrice de La Clé des Champs
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